vendredi 26 décembre 2008

Faire part de naissance

Si tant de gens s'y sont essayé c'est que ça doit bien être utile quand même !

Blog, carnet de bord, journal intime, notes, mémoires, recueil de pensées, confidences que l'on se fait, petits secrets qui seront lus. Confessions tellement faciles à première vue. Personne à l'audience, ni juge, ni jurés, la liberté d'être innocent ou coupable selon l'humeur... L'honnêteté en toute tranquillité. Il ne reste plus qu'à fermer mon paquetage et partir affronter l'inconnu avec Wolfgang dans les oreilles et mon Mac sous le bras. Les mains sur les hanches, le regard conquérant, les poumons gonflés de curiosité, je trône sur le pas de la porte et fais face à cet Eldorado et tous ces Moulins prêts à être conquis. Mon ombre jonche le sol et s'étire vers l'intérieur comme retenue. Un dernier regard derrière mon épaule, je vérifie que je n'oublie rien. Un dernier souffle, une première inspiration... Le premier pas.

Foutu premier pas. Je l'accouche finalement comme ça lui, à 27 ans, un dimanche soir dans mon lit pris d'insomnie. Pas de péridurale, ni de césarienne. Pas de taxi à appeler ni de docteur à supplier. Je suis en position. Les coussins sont redressés, le drap recouvre mes jambes légèrement pliées, suffisamment écartées. Mon ordinateur est posé sur mon ventre et Wolfgang complète ironiquement mon accouchement par son Requiem.

Le travail peut commencer.

Tout s'est bien passé et je n'ai même pas transpiré. Il est là face à moi ce foutu premier pas. Je le tiens dans les mains, il pèse six lignes et demie. Je le regarde un peu étonné, je l'ausculte brièvement. Je suis presque content mais pas complètement rassuré. J'avais peur qu'il soit mal formé et je redoute encore la mort subite du nourrisson.

Bon, ne gâchons pas ce moment et projetons nous avec enthousiasme. Maintenant que ce premier pas est là, va falloir lui trouver un nom, lui apprendre à marcher, lui apprendre à parler et qui sait, un jour il aura peut-être un petit frêre ou une petite soeur.

Je le regarde une fois encore et je me dis que j'arriverai peut-être à l'aimer avec le temps. Notez que ce n'est pas comme si je l'avais attendu toute ma vie en lisant "Parents-de-premier-pas Magazine". Au contraire, je l'ai même plutôt redouté. Jusqu'à présent, je préférais sortir draguer la nuit
deux trois thèmes et quelques idées. Je leurs payais des verres (en évitant de faire mon premier calembour foireux) et ça finissait souvent ivre sans elles. Les rares fois où je les ramenais chez moi s'en suivaient des petits coups maladroits, un peu convenus et toujours retenus. Celles qui rentraient avec moi partaient au plus tard le lendemain matin sans laisser de mot.

Tout aura donc commencé avec Wolfgang un dimanche soir. Il aura été en quelque sorte ma sage femme et il m'accompagnera maintenant dans tous ces moments que j'espère nombreux. Je vais aller dès demain me prendre un café avec lui et puis on partira en vacances ensemble, on ira à la campagne et on trinquera des fois à la santé de son pote Patrick Dewaere. Tiens, W. est parti se coucher avant moi. Hé ! Dors bien ! On se voit demain, hein ? C'est ça, toi aussi. Bonne nuit.

1 commentaire:

  1. Magnifique ! ...
    Je me suis penchée sur le berceau, ai cédé - je l'avoue - à la tentation passagère d'y découvrir quelques ressemblances ... mais non, ce premier pas n'a définitivement rien à voir avec toutes les grossières empreintes manuscrites, posées par de quelconques ancêtres auparavant!
    Ce faire-part est une petite merveille, comme l'arrivée sur un étal des premiers fruits de saison, conduits à maturité sans précipitation. Il laisse impatiente et gourmande l'addicte au PC ("Petit Clement")que je suis !
    La clarinette à Mots(zart)n'a aucune idée de ce que lui réserve ce regard en coin ... sûrement trop aiguisé pour rester bien centré ... de ce fait, décalé ... peut-être même regard frappé ! ... oui !... mais au coin de tous les (bons et mauvais) sens que prend notre monde ! A n'en pas douter, l'excellent extrait de Bertrand Blier n'est qu'un aperçu de ce qui nous attend ...

    RépondreSupprimer