vendredi 27 février 2009

Mauvais perdants

Quelle déception...

J'ai appris aujourd'hui que l'ex-candidate Ingrid Betancourt aurait eu un comportement "arrogant et égoïste" durant l'aventure. L'info est relayée en première page de Yahoo! sous le titre "L'autre Ingrid". Trois de ses ex-compagnons de survie révèlent dans un livre ("Out of Captivity") qu'elle "volait de la nourriture et gardait pour elle les rares livres disponibles".

Déçu je vous dis. Déçu par un tel manque de classe de la part de ces trois petits yankees jaloux et mesquins. C'est simplement honteux pour ne pas dire odieux de s'attaquer publiquement à un ancien candidat une fois l'aventure terminée. Trop facile ! J'avais déjà trouvé limite que Kenza écrive un livre à sa sortie (qu'elle en lise était déjà surprenant), mais elle ne l'avait pas fait pour égratigner lâchement Loana. J'ai serré les dents en entendant sur le web les critiques acerbes de Moundir à propos de ses camarades quand ces derniers se débattaient dans la jungle Amazonienne. Filomène m'a également déçu quand elle a reproché à Jade son manque de sportivité... Mais elle l'a fait en face, elle ! Là, vous vous mettez à trois pour salir noir sur blanc l'image de notre Ingrid Nationale, un peu de respect et d'élégance !

Ce n'est pas parce qu'aucun concert de soutien avec Renaud et Bénabar ne vous a été organisé qu'il faut se venger de la sorte. Ce n'est pas parce que ni Bertrand Delanoe, ni Nicolas Sarkozy n'ont versé de larmes à votre sujet qu'il faut tout mettre sur le dos de Sainte-Ingrid-pote-du-Pape. Que souhaitiez-vous ?! Une photo de vos tronches place de la République ? Qu'elle vous fasse la veillée en lisant des histoires autour du feu de camp ? D'ailleurs, la prod avait été très claire et les règles étaient simples : survie ! survie ! survie ! Si après Ingrid vous a fait trébuché une ou deux fois au cours d'une épreuve de confort...

Alors quoi, vous allez me répéter qu'elle a mis votre vie en danger en disant aux guérilleros que vous étiez des agents de la CIA ? Je suis méfiant de ces révélations "chocs" que je vous suspecte de faire pour tirer à vous la couette des media qui vous ont snobé à votre sortie du loft...heu je veux dire de la jungle. Et puis si c'était vrai, qui n'a jamais menti pour faire tuer un ou deux compagnons de cellule ronfleurs et boulimiques en temps de guerre ?

Vous feriez mieux de ravaler toute cette amertume et de prendre exemple sur Moundir qui déclarait à sa sortie : "Je pensais venir avec un esprit de FARC et je repars avec un cœur de Roméo". Où est donc passé votre cœur ? Et où sont passé mes bouquins ? Et qui m'a piqué le pot de Nutella que j'ai acheté hier ?!

"Ingrrrriiiiiiiid !"

vendredi 20 février 2009

Leçon de Publicité

Il a fallu qu'il se lève très tôt ce matin du 13 février pour aller vendre son livre sous le bras. Un peu plus et il arriverait à se faire passer pour un honnête livreur de Rungis se levant chaque jour aux aurores pour gagner son pain. Á l'heure où ces fainéants de français partent dépenser à 60 ans leur retraite au camping, cet homme admirable n'hésite pas à traîner ses 75 vieilles années dans son triste pull à carreaux gris pour aller faire son dur métier quand d'autres dorment encore. Mais quel est ce travail formidable qui réveille notre homme si tôt et à cet âge avancé ? Écrivain ? Libraire ? Prédicateur (pas loin) ? Rien de cela, il a lui-même baptisé son métier "communicant".

7h55, Raymond n'a pas encore ouvert l'œil. L'allocataire paresseux a gardé l'habitude de se lever tôt depuis son renvoi de Rungis. Il dégomme son réveil de la main puis se gratte la fesse (d'abord la gauche... toujours) puis grogne et baille comme chaque matin que Dieu fait. Il tape le dessus de sa couette tel un aveugle battant le sol avec sa longue canne. A y est, l'a trouvé la télécommande Raymond. Il allume le poste et met la 2 parce qu'il aime bien ça Télé Matin.

Il se redresse péniblement, décolle un œil, puis deux et fait la rencontre de notre communicant de 30 ans son aîné. Notre vendeur de livres est réveillé depuis longtemps maintenant (lui !). Il ne laisse paraître à aucun instant ni sa fatigue, ni son vieil âge (oh ! miracles des séances quotidiennes d'acuponcture au botox !). Le vieux reptile attend patiemment la fin de la question qui lui est posée pour bondir sur sa proie. 40 ans qu'il fait ce métier (que lui même à créé), autant dire que le jeune journaliste n'a aucune chance. Le serpent lèche une dernière fois ses lèvres d'un trait vif et s'élance :



Indignation sur la blogosphère, consternation dans les chaumières. Mais comment peut-on dire ça quand 46,4% des foyers fiscaux ne sont pas imposables, quand le salaire médian français est d’environ 1700€ et quand 13,2% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté relatif de 60 % (INSEE 2006) ?

La question n'est pas "comment" mais "pourquoi ?".

Tout simplement parce qu'il s'agit de Jacques Séguéla, vice président d'Havas (6ème groupe publicitaire mondial) et "chantre" de la publicité comme il aime à se définir. Ce même Jacques Séguéla dont Desproges disait déjà en 86 que son "quotient intellectuel dépasse largement le chiffre de la température anale dès qu'il cesse de nous comparer le message publicitaire à l'expression onirique de quelque romantisme éthéré". Tout simplement par ce que celui qui fait semblant d'écrire quand il ne fait pas semblant de travailler est en pleine promo pour son nouveau livre (on retrouvera d'ailleurs son pull "on peut être classe habillé en France d'en Bas" chez Ruquier le même jour). Il n'a pas dit cette phrase par simple excès de spontanéité déplacée, il l'a dite de façon maîtrisée et réfléchie tout simplement pour faire parler de lui et de la sortie de son livre. Honnêtement, pensez-vous vraiment qu'il soit capable d'une telle erreur de communication, lui le grand maître à penser de ce métier alors qu'il vient faire sa propre promo ?

Fut un temps où l'on faisait croire à Raymond qu'il était beau le matin avec ses têtes blondes, son labrador et son bol de Ricoré. Maintenant la publicité selon Séguéla consiste à cracher à la gueule de Raymond au réveil.

Quand leçon de publicité rime avec leçon de vulgarité.

PS : j'attends impatiemment la réaction passionnée d'Isabelle Adjani qui s'indigne dès qu'une femme (mais j'espère aussi, un homme) se fait insultée. Défendra t-elle les milliers de Raymond comme elle a défendu son amie Yamina Benguigui ? La suite dans un prochain épisode...

dimanche 8 février 2009

Plaisante jamais avec ces choses là...

"Oui mais tu vois, à l'époque on pouvait dire ce genre de choses !"

"Pouvait-on" parce qu'on était autorisés à dire des choses crues, politiquement incorrectes, vulgaires, provocantes voir blessantes ? Je ne pense pas qu'il était plus "autorisé" à l'époque de dire du mal des cancéreux, des juifs, des curés, des noirs, des pédés, des arabes, des hommes politiques et de toute autre minorité munie d'un mégaphone et de trois banderoles. Mitterrand n'avait pas plus d'humour que Sarkozy et l'histoire a montré qu'il n'était pas moins sourd que ce dernier.

Alors quoi, on disait ces choses parce qu'on pouvait se le permettre ? Etions-nous vraiment plus insouciants ? Je pense que les acteurs, humoristes et chanteurs avaient autant à perdre qu'aujourd'hui. Je doute qu'ils se souciaient moins de leur image, de leur réputation, de leur carrière, de leurs contrats et de leurs droits SACEM. A titre d'exemple, Desproges a toujours eu peur de manquer d'argent et redoutait terriblement que sa carrière puisse s'arrêter subitement et le laisser sans ressources avec sa femme et ses deux filles.

La liberté d'expression était-elle donc vraiment plus grande à l'époque ? Manifestement. Mais alors pourquoi ? La liberté d'expression devait être plus grande parce qu'elle était simplement plus précieuse. Beaucoup de personnes s'étaient battues pour l'obtenir. Certains en jetant des grenades pendant la guerre, d'autres en lançant des pavés. C'était une liberté acquise, défendue et à défendre contre les censeurs encore bien présents. C'était une liberté dont il fallait jouir et avec la forme s'il vous plaît ! C'était LA liberté. Manifester pour Solidarnosc, c'était dans un sens célébrer notre privilège, notre chance, notre victoire.

Aujourd'hui, la liberté d'expression a été remplacée par la liberté de communiquer ("Communiquer en toute liberté" merci Bouygues Telecom !). Résultat, on a plus peur de perdre son portable que le droit de dire ce que l'on pense. C'est devenu un acquis inné mis dans la bouche à la naissance sans explications, une évidence molle, sans relief ni contour... Sans limite. Vive l'oppresseur sans qui nous ne saurions profiter consciemment de notre bon droit à dire des gros mots et parler des gros seins de Yamina Benguigui.

Les "globes" de Yamina sont pour moi un exemple qui nous rappelle que la bien-pensance veille au grain et que le censeur n'est pas loin. Jean-Luc Delarue en a fait la triste expérience. Le pauvre animateur à tête de parfait gendre s'est fait lynché et va peut-être se faire interdire de direct pour avoir fait une blague (pas très drôle je vous l'accorde) sur les seins de dame Benguigui. Elle fut "touchée dans sa dignité" alors qu'il voulait simplement toucher ses "globes". Mais ne voulait-il pas dire "votre grosse paire de loches trop grosse pour le décolleté vulgaire que vous avez vous-même choisi avant de venir vous exhiber à la TV" ? La pauvre victime de l'agression a accepté dans toute sa bonté les excuses de l'horrible Jean-Luc. Heureusement que le démon Delarue avait pensé à faire des excuses publiques. Isabelle Adjani - qui se sent très "choquée" dès que la dignité d'une femme est attaquée dans ce bas monde - a pu prendre ces excuses à son compte pour panser les plaies béantes de sa vertu offensée par ces "propos inqualifiables visant une femme".

Yamina et Isabelle, je vous recommande Bob. Je suis sûr que s'il était parmi nous, il mettrait son homosexualité de côté pour l'occasion et se proposerait volontiers de venir cueillir votre dignité de femme meurtrie pour en faire un beau bouquet de fleurs (à sa façon bien sûr).


Et si vous n'êtes pas rétablies après ça, il y a encore Monsieur Henri. Je crains par contre que votre odeur d'eau bénite ne le crispe un peu...