dimanche 8 février 2009

Plaisante jamais avec ces choses là...

"Oui mais tu vois, à l'époque on pouvait dire ce genre de choses !"

"Pouvait-on" parce qu'on était autorisés à dire des choses crues, politiquement incorrectes, vulgaires, provocantes voir blessantes ? Je ne pense pas qu'il était plus "autorisé" à l'époque de dire du mal des cancéreux, des juifs, des curés, des noirs, des pédés, des arabes, des hommes politiques et de toute autre minorité munie d'un mégaphone et de trois banderoles. Mitterrand n'avait pas plus d'humour que Sarkozy et l'histoire a montré qu'il n'était pas moins sourd que ce dernier.

Alors quoi, on disait ces choses parce qu'on pouvait se le permettre ? Etions-nous vraiment plus insouciants ? Je pense que les acteurs, humoristes et chanteurs avaient autant à perdre qu'aujourd'hui. Je doute qu'ils se souciaient moins de leur image, de leur réputation, de leur carrière, de leurs contrats et de leurs droits SACEM. A titre d'exemple, Desproges a toujours eu peur de manquer d'argent et redoutait terriblement que sa carrière puisse s'arrêter subitement et le laisser sans ressources avec sa femme et ses deux filles.

La liberté d'expression était-elle donc vraiment plus grande à l'époque ? Manifestement. Mais alors pourquoi ? La liberté d'expression devait être plus grande parce qu'elle était simplement plus précieuse. Beaucoup de personnes s'étaient battues pour l'obtenir. Certains en jetant des grenades pendant la guerre, d'autres en lançant des pavés. C'était une liberté acquise, défendue et à défendre contre les censeurs encore bien présents. C'était une liberté dont il fallait jouir et avec la forme s'il vous plaît ! C'était LA liberté. Manifester pour Solidarnosc, c'était dans un sens célébrer notre privilège, notre chance, notre victoire.

Aujourd'hui, la liberté d'expression a été remplacée par la liberté de communiquer ("Communiquer en toute liberté" merci Bouygues Telecom !). Résultat, on a plus peur de perdre son portable que le droit de dire ce que l'on pense. C'est devenu un acquis inné mis dans la bouche à la naissance sans explications, une évidence molle, sans relief ni contour... Sans limite. Vive l'oppresseur sans qui nous ne saurions profiter consciemment de notre bon droit à dire des gros mots et parler des gros seins de Yamina Benguigui.

Les "globes" de Yamina sont pour moi un exemple qui nous rappelle que la bien-pensance veille au grain et que le censeur n'est pas loin. Jean-Luc Delarue en a fait la triste expérience. Le pauvre animateur à tête de parfait gendre s'est fait lynché et va peut-être se faire interdire de direct pour avoir fait une blague (pas très drôle je vous l'accorde) sur les seins de dame Benguigui. Elle fut "touchée dans sa dignité" alors qu'il voulait simplement toucher ses "globes". Mais ne voulait-il pas dire "votre grosse paire de loches trop grosse pour le décolleté vulgaire que vous avez vous-même choisi avant de venir vous exhiber à la TV" ? La pauvre victime de l'agression a accepté dans toute sa bonté les excuses de l'horrible Jean-Luc. Heureusement que le démon Delarue avait pensé à faire des excuses publiques. Isabelle Adjani - qui se sent très "choquée" dès que la dignité d'une femme est attaquée dans ce bas monde - a pu prendre ces excuses à son compte pour panser les plaies béantes de sa vertu offensée par ces "propos inqualifiables visant une femme".

Yamina et Isabelle, je vous recommande Bob. Je suis sûr que s'il était parmi nous, il mettrait son homosexualité de côté pour l'occasion et se proposerait volontiers de venir cueillir votre dignité de femme meurtrie pour en faire un beau bouquet de fleurs (à sa façon bien sûr).


Et si vous n'êtes pas rétablies après ça, il y a encore Monsieur Henri. Je crains par contre que votre odeur d'eau bénite ne le crispe un peu...

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