mercredi 21 janvier 2009

Ils étaient plus de 2 millions

Comme beaucoup de mes contemporains, j'ai regardé hier et en direct (!) la cérémonie d'investiture de Barack Obama. J'avais raté celle des deux Bush et de Clinton sans trop de regrets mais là, je me suis senti viscéralement obligé de participer depuis mon canapé à cet événement "HI-STO-RIQUE" (d'ailleurs on dit "HI-STO-RIQUE" ou "HY-STE-RIQUE" ?).

J'allume et premier soulagement, ils n'ont pas commencé sans moi. Ouf, je pourrai donc bien dire à mes petits enfants, un plaid sur les genoux et l'œil humide que j'en étais et "en direct", s'il vous plait ! Car voyez-vous mes p'tits enfants, Papy c'était pas un attardé de l'histoire qui vit les grands événements en différé. Oooooh non, Papy c'était du genre spectateur-acteur de l'instant live qui fait qu'on participe à l'événement dans le vif et que par conséquent, on FAIT l'histoire.

Parce qu'au final on a retenu quoi le lendemain ? L'audience.
Qu'est ce qui fait un événement ? L'audience.
Qu'est ce qui fait l'histoire ? L'audience toujours.

Franchement, vous imaginez Obama prêter serment dans le froid devant 3 chômeurs afro-américain, un pasteur intégriste et deux vedettes sans caméras ? Non là, ils étaient plus de 2 millions (!) devant le Capitol à se geler sous leurs bonnets étoilés. Et que faisaient-ils ? Ils regardaient religieusement leur héros... Sur les écrans géants ! "Quel intérêt ?", me direz-vous ! L'intérêt était d'être "United" pour communier avec son prochain car s'il y avait bien un endroit et un moment pour prendre dans ses bras un chômeur afro-américain histoire de soulager sa conscience sur 3 générations, c'était là-bas à ce moment précis. J'en imagine peu inviter à leur table un SDF black à Thanksgiving mais qui sait, Obama va peut-être changer ça entre deux crises financières et une troisième guerre mondiale ?

On avait donc nos "plus-de-2-millions-on-ne-sait-pas-exactement-tellement-y-en-a" et ça assurait l'audience devant la scène. Mais quand t'as un beau casting comme celui-ci, un si bon public et autant de caméras, il faut du dimat et dimat il y a eu. Rendez-vous compte. Ils étaient plus de 280 millions de spectateurs ! 280 millions d'américains communiant en duplex debout devant leur TV, une hostie gout paprika-bacon dans le bec à prier qu'il n'arrive rien au futur chien de la famille présidentielle. Finalement, je préfère ne pas me rendre compte.

Vous pourriez penser (à tort) que je suis américanophobe et Obamaniaco-dépressif mais je n'oublie pas que tout ça reste très humain. Regardez. Nous sommes en France. Un homme fait ses cartons et tombe soudain sur sa vieille écharpe tricolore. Il la déplie lentement, avec émotion. Il repense alors à ce jour où son pays a marqué l'Histoire, le jour où la France est entrée "Dans la Légende" (L'Equipe). Il est fier d'avoir participé à cet instant. Il s'en voulait de n'avoir pas connu la victoire de Platoche et des siens en 84. Il se tient là, face à son passé, face à son histoire, face à la Grrrrande Histoire. Son visage baigne dans une nostalgie béate, son cœur se serre, il sourit mais repose finalement son écharpe avec tristesse car il n'oubliera jamais : il était aux toilettes quand Zidane a marqué.

Depuis, il mange la TV allumée.

Sinon, pour les choses plus intelligentes je laisse la parole à ceux qui se font payer pour :

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